- L’EGLISE, COMME PEUPLE DE DIEU-

Libres réflexions sur la Constitution « Lumen Gentium »(Lumière des peuples).

Cette constitution placée au début des « Actes » du Concile en donne la signification profonde. Elle présente l’Eglise comme le Peuple de Dieu, soulignant la place de chacun de ses membres, non dans un ordre hiérarchique, mais dans une mission commune.

Ce qui me frappe d’emblée, ce sont les premiers mots : « le Christ est la Lumière des peuples ». Et dans mon expérience pastorale, cela me renvoie à toutes ces célébrations où la Lumière est mise en valeur : la Veillée pascale, le cierge pascal au Baptême, ou qui est placé aux funérailles, exprimant cette parole de Jésus : « Je suis la Lumière du monde », mais renvoyant aussi à cette autre parole « Vous êtes la lumière du monde… qu’elle brille aux yeux des hommes … veillez à l’entretenir ».

Le Concile, dans son désir de s’appuyer sur la Parole de Dieu, multiplie les images bibliques pour parler de l’Eglise :
 la « bergerie », dont le Christ est la porte,
 le « troupeau » dont le Christ est le pasteur,
 le « champ de Dieu » où pousse la vigne et l’olivier,
 la « vigne » dont le Père est le vigneron et le Christ est le « Cep » auquel nous sommes reliés,
 « la maison » dont le Christ est la fondation et la clé de voute et dont nous en sommes les « pierres vivantes »,
 le « temple saint »  : demeure de Dieu parmi les hommes,
 la « ville » bâtie sur la colline,
 la « fiancée du Christ », « notre mère ».

Deux images ont été plus mise en valeur :
 l’Eglise « Corps du Christ », dont nous sommes les membres, mais c’est le Christ qui en est la tête …
 le « Peuple de Dieu » dont tous les baptisés sont les membres.

Cinquante ans après, le message est loin d’être passé ! Combien de fois, quand on parle de l’Eglise, on pense à la hiérarchie : le « Pape », les « Ã©vêques », les « prêtres » !

Pourtant, cette constitution a largement développé la place et la mission des laïcs, dans des termes repris récemment par Benoît XVI dans un message adressé au Forum international d’Action Catholique, mais encore loin d’être admis dans les faits : « les laïcs ne sont pas seulement des collaborateurs du clergé, mais ils sont coresponsables avec les pasteurs, de l’être et de l’agir de l’Eglise », et déjà le concile soulignait que la relation entre les prêtres et les laïcs devait être « familière » ce qui ne peut qu’être bénéfique pour toute l’Eglise.

Mon ministère m’a permis de vivre pleinement cette relation avec des laïcs prenant place dans la vie et l’animation de l’Eglise, que ce soit dans l’accompagnement des mouvements comme dans les diverses paroisses où j’ai été envoyé. C’est Michel Rondet, un jésuite reconnu qui ose dire : « Aujourd’hui, la situation de notre Eglise avec peu de prêtres et souvent très âgés, peut être un « appel » pour le peuple chrétien, pour que la mission des baptisés soit pleinement développée, pour passer d’une Eglise cléricale et hiérarchique à une Eglise du « peuple de Dieu », une Eglise des communautés chrétiennes ».

Quand des laïcs, qui en ont reçu la mission, conduisent les célébrations dominicales, ils vivent cette participation au sacerdoce commun et au culte, dont parle le Concile dans cette constitution (LG 34), et toute la communauté chrétienne, toute l’Eglise s’en trouve nourrie et fortifiée.

Roland Gautreau, de la Paroisse St Pierre des Genêts
Article paru dans le bulletin de Doyenné – Octobre 2012